A Hideo Kojima Game
 
Metal Gear Solid:
Peace Walker


Editeur : Konami
Développeur : Konami
Genre : Action, aventure
Plate-forme : PSP, PSP go!
Disponibilité : 2010
 
ACTUALITES

L'allégorie de MGS Peace Walker

04/11/2010 à 14:18 par Terry Wolfe
Terry Wolfe de Metagearsolid.org nous propose aujourd'hui une analyse très intéressante sur Metal Gear Solid: Peace Walker. Et si la dernière aventure de Big Boss renfermait une fascinante allégorie de l'expérience personnelle de Hideo Kojima?


Même s’il n'arrive pas au calibre d'un Metal Gear Solid 5, Peace Walker est un jeu prépondérant dans la saga Metal Gear. En se rachetant après le blasphème qu'était Portable Ops, Peace Walker comble enfin le vide scénaristique entre Snake Eater et le premier Metal Gear, et ce d'une manière honorable. Mais Metal Gear Solid: Peace Walker a également réalisé un autre but, celui de continuer la fascinante allégorie de l'expérience personnelle de Hideo Kojima.
 
Car, je pense que Peace Walker contient une allégorie cachée et délibérée. Comme pour les jeux précédents, je crois que l’histoire de Peace Walker raconte l'expérience de Kojima et de la série Metal Gear. Certes, à première vue, il s’agit de l’histoire de Big Boss qui forme et qui développe une armée de partisans appelée "Les Militaires Sans Frontières". Celle-ci tient la promesse de protéger un pays sans défense (celui d’ d'une petite fille), et devient dans la foulée une force nucléaire non négligeable. Cette situation est comparable au ressentit de Hideo Kojima lors de la création de la franchise Metal Gear Solid. Pour l’instant, mettez de coté les détails de l'histoire. Et rappelez-vous. Comme il l’a expliqué, Hideo Kojima voulait que les fans expérimentent la façon de créer quelque chose de simple avec les meilleures intentions du monde, et de  l'agrandir au fur et à mesure pour devenir quelque chose de controversé et de dangereux.
 
"Le concept du jeu a été structuré d'une manière telle que votre impression du jeu changera dès que vous l'aurez terminé. Le danger ne cesse de traquer Snake... Les robots et les forces armées. Ils sont une menace aux MSF, mais quand vous jouez, ils pourront faire partie de votre armée. Vous vous battez pour la paix... mais le temps que vous vous en rendez compte, vous aurez déjà les pieds trempés dans le militarisme. C'est ça le thème" déclarait Hideo Kojima sur Twitter en février dernier.
Dans Metal Gear Solid 4, nous savons d'ores et déjà que Big Boss et Zero étaient responsables d’une mauvaise interprétation de l'héritage de The Boss. Quant à Peace Walker, cet épisode nous montre la manière dont Big Boss est passé par ce chemin si regretté par la suite. Ainsi, le jeu renforce le message que MGS4 avait apporté précédemment. Car, malgré toutes les apparences, Big Boss est avant tout parti d’une bonne et saine intention.
 
Dans un sens, si MGS4 représentait le désir de Kojima  d’en finir avec la série et de se faire pardonner pour tous les "péchés" qu'il a commis au fil des années en créant des trous scénaristiques dans l'histoire sans jamais vraiment répondre aux questions des fans, Peace Walker, est quant à lui une métaphore de ses véritables intentions. En d’autres mots, c’est l’explication de sa perte de contrôle. Et dans ce sens, les deux jeux vont de paires.
 
Ainsi, l’un des grands thèmes de Peace Walker est une militarisation graduelle. Recruter des membres, agrandir la Mother Base en améliorant la technologie par le R&D sont des éléments qui correspondent parfaitement à cette allégorie. Hideo Kojima fait de même en embauchant de nouveaux membres dans l'équipe, en agrandissant son espace de travail et en créant de nouveaux moteurs de jeux avec l'avancement technologique des jeux vidéo. Peut-être même que la création de la marque "MSF" est supposé refléter la création de "Kojima Productions" elle-même. Car Hideo Kojima et Big Boss sont tous les deux très respectés par leurs subordonnés respectifs. Ils sont aussi responsables d’organiser leurs équipes pour travailler sur certains projets. "Outer Ops" pour Big Boss et "Portable Ops" pour l'équipe de Kojima ! Embaucher, diriger et ordonner des hommes à travailler pour vous est quelque chose dont Hideo Kojima fait depuis bien longtemps.
 
Cette allégorie, quand elle est interprétée d'une manière thématique, place l'ultime responsabilité sur les épaules de Kojima. Tout le monde a besoin de ses conseils et de ses consignes, au même titre que Big Boss avec les membres des MSF. A l’instar de Metal Gear Solid 4, Hideo Kojima se sent responsable de tout. Le japonais est bien en charge du projet, cependant il n’est pas vraiment libre de faire ce qu'il voudrait, et il a l’obligation de rester dévoué aux besoins des circonstances. Il y a toujours une nouvelle "menace" qui surgit quelque part. Et bien souvent s'occuper de cette "menace" demande un compromis de ses idées.
C'est là où Miller intervient. D’un côté, nous avons Big Boss, l’éternel soldat luttant pour rester loyal envers son mentor, The Boss, en dépit du fait que les "circonstances"  les ont forcés à s'affronter. Big Boss était devenu blasé, et il a été récompensé d'un titre qu'il n'a jamais demandé (qu’il a, en réalité, détesté), mais dont il a fini par accepter. De l’autre, nous avons Miller, l’éternel businessman, dont l’occupation est le succès immédiat. La relation humoristique entre ces deux pôles, Miller et Big Boss, se croise évidemment là où l'idéalisme rencontre le pragmatisme. Big Boss ne possède ni l'ego, ni l'appétit d'exploiter cette renommée indésirable, et laisse l'aspect commercial à Miller, qui est à la fois un camarade loyal et un opportuniste. Kaz a un coeur et, je suis bien évidemment soulagé qu'il n'ait pas été dessiné comme un vaurien. Cela aurait était trop facile, et contredirait son coté positif plus tard dans la chronologie. Parce ce que dans ce cas précis, ça voudrait dire que Big Boss (et donc, selon ma théorie, Kojima) était exploité, et non complice dans le développement de MSF, dans Metal Gear ZEKE et dans Outer Heaven. Tout cela ne serait pas du tout représentatif pour Hideo Kojima. Mais pour que l'allégorie reste solide, Big Boss se doit d’accepter les propositions qui lui sont présentées par Miller et par les autres personnages. On a l'impression que la mentalité business de Kaz est presque un fait neutre de la vie. Le jeu ne condamne pas seulement complexe militaro-industriel, il révèle simplement la manière de vivre de notre monde, tout comme Kojima l'a appris.
 
Mais n’oublions pas Strangelove et son obsession pour The Boss…


Je pense que Strangelove est une métaphore des fans qui vénèrent tout sur la série, sans percevoir l’essentiel. Pensez cela comme une analogie. Strangelove a obtenu toutes les informations disponibles sur The Boss, mais elle ne connait toujours pas ses intentions, ce qui lui importe le plus. Pendant de très nombreuses années, Hideo Kojima a été submergé de questions qui l’ont hanté pendant longtemps. Big Boss, qui représente Kojima, est donc torturé par Strangelove pour connaître les réponses! Je n'ai aucun doute sur cette métaphore dont Hideo Kojima a dû faire face au cours des années (cela inclu également les menaces de mort dont Hideo a été victime). Il est amusant  de constater que Hideo Kojima n'avait tout simplement pas les réponses satisfaisantes pour les fans, comme Big Boss n'en avait pas pour Strangelove. Le mystère de The Boss n'est finalement compris qu'à la fin de Metal Gear Solid 4, dans les tous derniers moments de Big Boss. Les détails de ses choix, que Strangelove cherche en vain, ne sont que peu importants… Se perdre dans les détails et manquer l’essentiel.
 
Tout comme les jeux précédents, je pense que Peace Walker a assez de couches pour être apprécié sur plusieurs niveaux de lecture qui se valent toutes. L'incroyable histoire qui raconte la manière dont Kojima et Big Boss sont inévitablement devenus des "anti-héros" mal compris a déjà été évoquée dans Metal Gear Solid 3: Snake Eater mais cette idée est menée à terme aujourd’hui. A travers les thèmes combinés de Metal Gear Solid 4 et Peace Walker, Hideo Kojima nous montre à quel point il est stupide de s’attarder sur de petites obsessions, plutôt que de percevoir le véritable message de la série. C'est une brillante idée d’offrir le choix aux joueurs, non seulement pour nous donner une idée selon laquelle un conflit peut en générer un autre,  et comment et pourquoi Big Boss peut simultanément être un héros et un méchant. Finalement, le travail de Hideo Kojima sur la série n'a pas changé d’un poil…




- Article écrit par Terry Wolfe du site Metagearsolid.org et adaptaté par lepolohuevo pour MetalGearSolid.be

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11 Commentaires
Arekusandoru Arekusandoru
24/04/2011 à 21:11
@ Snake Of Eden : un peu en retard, tant pis :P.
Comme toi, je me suis remis à MGS 4 après PW, je l'ai fait en Big Boss, j'ai obtenu Eagle et Hawk je crois en plus des autres styles Gecko etc.

Je tente le The Boss avec l'emblème Big Boss ... Ouille ouille ouille ^^'.
sheen sheen
21/02/2011 à 14:40
Administrateur
On a déjà eu l'occasion de rencontrer Cécile Caminades. Elle est très gentille!

Je t'invite à lire l'article suivant pour savoir pourquoi Hideo Kojima l'a choisie ;)

http://www.metalgearsolid.be/interview-hideo-kojima-japan-expo-peace-walker-158.html
Snake of Eden Snake of Eden
21/02/2011 à 14:21
Oh ce n'est rien par rapport aux nombres de choses que j'ai appris ici sur la série Metal Gear Solid d'ailleurs je suis lancé à refaire Metal Gear Solid 4 aprés Peace Walker... car il y a effectivement des choses révélées dans PW; qui aide à la compréhension de MGS4 notamment l'IA JD...
hp hp
21/02/2011 à 14:12
Administrateur
Un grand merci à toi pour toutes ces précisions, Snake of Eden =)
Snake of Eden Snake of Eden
21/02/2011 à 13:58
Bonjour à tous !
J'ai adoré cet article, cette idée m'a aussi traversé l'esprit ! :) Notamment sur le personnage Cécile Cosima Caminades... qu'on retrouve dans la jungle avant de rejoindre le Labo de Strangelove... Elément principale, elle est française et devinez qui est la chargé de la communication Konami France ? Une certaine Cécile Caminades. Rien de nouveau vu que Kojima a avoué s'être inspiré d'elle pour crée le personnage de Cécile mais c'est là que l'allégorie prend son sens, non ? Intégre un membre du Staff Konami au sein de la MSF n'est ce pas un message de Maitre Kojima à ses joueurs ?
De plus, en écoutant dans le dossier d'instructions de Cécile, une cassette contenant le nom complet de Cécile est disponible, un dialogue se lance entre Cécile, Snake et Kaz Miller, qui fait le lien entre Cécile et Kaz qui veulent dire Paix dans leur langue respectif (qui a dit tentative de drague ?) ^^' mais le plus important, c'est ce que nous apprend Miller, le nom complet de Cécile phonétiquement parlant en japonais soit "Cécile Cosima Caminades" veut dire "Kojima est un Dieu" ce qui rejoint l'idée que Kojima comme Big Boss sont respectées au sein du studio de dév/ Mother Base...
C'est peut être tiré par les cheveux ^^

Snake of Eden.

Source :
http://www.gamerslife.fr/wp-content/uploads/2010/07/mgs-pw-cecile-400x226.jpg
http://www.viadeo.com/fr/profile/cecile.caminades
Damot Damot
06/11/2010 à 10:53
Analyse très surprenante. Bravo! Elle fait réfléchir. Je ne verrais plus jamais Peace Walker de la même manière ^^
Anna Anna
05/11/2010 à 13:38
C'est vraiment intéressant comme allégorie, je n'avait vraiment pas fait ce parallèle, pertinent !
sheen sheen
05/11/2010 à 9:02
Administrateur
Une analyse qui tient bien la route et qui serait bien le style de Hideo Kojima. Même une fois terminé, Peace Walker apporte encore son lot de surprise selon le vécu de chacun. C'est plutôt bon signe pour les prochaines productions de Kojima Productions.
Old Boss Old Boss
04/11/2010 à 17:32
Un grand merci pour l'article qui m'a fait passer un bon moment ^^

@Gray Wolf/Wheaton: je partage ton avis, ton ressentit et ta dernière remarque ^^
Gray Wolf / Wheaton Gray Wolf / Wheaton
04/11/2010 à 16:23
Note ajoutée par dessus:
Lorsque j'ai lû le paragraphe au sujet de Miller, j'ai plutôt pensé à Konami, l'éditeur, qui n'attend de Big Boss/Hideo qu'un nouveau MGS, des efforts, du progrès, pour que "ça avance"...

A ce titre, de façon humoristique, on pourrait considérer que Rising serait la dégénérescence des I.A. dans MGS4... la "décadence", une propagation par un chemin non conçu pour ça à l'origine...
Gray Wolf / Wheaton Gray Wolf / Wheaton
04/11/2010 à 16:20
O.M.G.

Je ne l'avais pas vu comme ça. J'en étais même loin...

Ca nous fait sacrément réfléchir...Pour ma part, ça me fait un petit peu penser, après coup, à toute la série que nous avons connue, et d'un coup, je me sens frappé d'un puissant désir de nostalgie. Il faudrait peut être bien "sérieusement" faire quelquechose à ce niveau là.

*part chercher après des fan-games*



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